Films collectifs de
Chris Marker

Par film collectif, on entend tout film dont les auteurs sont soit nombreux soit ne figurent pas de manière individuelle au générique.
Nous regroupons ici courts métrages et longs métrages sans distinction, présentés dans l'ordre chronologique croissant.

Loin du Vietnam

1967 - France - 115' - 35 mm et 16 mm gonflé en 35 mm - Couleur
Contre la guerre livrée par les Américains en Asie du sud-est, Loin du Vietnam s'offre comme l'un des tous premiers films collectifs européens, fortement politisé. Pour cette occasion, Chris Marker, coordinateur de toute l'opération, crée la société S.L.O.N. (Service de lancement des oeuvres nouvelles), dans le courant de l'année 1967, en Belgique, afin d'éviter la censure française dont il ne connaît que trop bien les effets néfastes, tout en ayant un pied en France où le travail s'effectue réellement.
L'origine de ce film est racontée par Laurent Veray, dans son ouvrage très bien documenté, Loin du Vietnam, un film de... (2004).

"Apparemment, selon le monteur Ragnar van Leyden qui participa à l'aventure du film, tout commence à la fin de l'année 1966 avec l'opération Un milliard pour le Vietnam  montée par une organisation non gouvernementale pour collecter des fonds destinés à l'envoi au Vietnam d'un navire rempli de médicaments. Robert Bozzi, gérant d'une galerie d'art parisienne, qui appartenait à cette organisation, était plus spécialement chargé de récolter les contributions d'artistes : "Il avait eu l'idée que de passer une publicité au cinéma pourrait renforcer l'initiative du Milliard. Avec l'accord de Roger Pic pour l'utilisation de ses archives, j'ai monté ce film publicitaire avec Bozzi. Pendant nos sessions de montage, il me demandait avec insistance pourquoi les cinéastes ne contribuaient pas par leur travail à soutenir cette cause, comme les artistes le faisaient déjà ? Il posa la question à Marker..." Il semble que les universités constituent un autre lieu de départ du projet. Les étudiants de Nanterre notamment auraient aussi demandé à Marker un film susceptible d'accompagner les nombreux débats qu'ils organisaient autour de la question. Celui-ci était déjà, de son côté, foncièrement décidé à faire quelque chose pour le Vietnam. C'est ainsi qu'il réunit autour de lui plusieurs proches, des amis, tous témoins lucides des évènements et voulant agir. Dès lors, l'impulsion est vraiment donnée."1

La majeure partie des réalisateurs sont des jeunes figures montantes de la Nouvelle Vague et du cinéma français, à savoir Varda, Godard, Resnais, Lelouch et Klein, auxquels s'ajoute un vieux briscar documentariste, Joris Ivens. Mais derrière ces grands noms se cache, en fait, la participation d'une multitude de techniciens du cinéma (environ 150, voir le témoignage de Valérie Mayoux, ci-dessous) qui viennent prêter main forte, pour quelques heures ou quelques semaines, et apporter leur soutien aux Vietnamiens tout autant qu'à ce projet collectif d'envergure et original.
Mai 68 est dans l'air, tout proche.
La présence de Joris Ivens s'explique simplement par le fait qu'il venait juste de sortir un film documentaire très remarqué sur les débuts de la guerre du Vietnam : Le ciel, la terre  (1965). À la suite de Loin du Vietnam, il retourne d'ailleurs au coeur même du conflit, filmer 17e parallèle, la guerre du peuple (1967), témoignage engagé sur les conditions de vie des paysans et des combattants vietnamiens, dont il partage la vie quotidienne malgré les risques et les bombardements incessants.
Pour leur part, les épisodes de Ruy Guerra et d'Agnès Varda (quand même créditée au générique) ne seront pas intégrés au film final, plus pour des raisons de structure et de durée que de qualité. Alors que celui de Jacques Demy, racontant une idylle entre un soldat américain et une prostituée de Saïgon, est rejeté dès le début du projet.
Si l'on considère maintenant le film, il s'agit d'un assemblage très structuré de plusieurs courts métrages sur la thématique de la guerre du Vietnam, réalisés par des cinéastes et des reporters aux styles et personnalités fort différents, ce qui, bien évidemment, transparaît totalement dans le projet final. Et comme l'a bien analysé Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, de la revue Esprit, "le circuit dessiné va de la proximité du combat à son éloignement, et ramène de cet éloignement à une nouvelle proximité"2, circuit dans lequel les épisodes de Resnais (simulacre théâtralisé) et de Godard (autoportrait symbolisant l'idée "d'y être et de ne pas y être") forment la clé de voûte structurant le tout, séparant les deux parties du film.
À première vue, Loin du Vietnam se veut un film politique, plus encore un engagement politique d'un milieu, celui du cinéma3, mais pas seulement, car comme l'écrit Ropars-Wuilleumier, si le film "n'appelle pas les indifférents à prendre parti, c'est qu'au contraire il invite ceux qui sont engagés à prendre la mesure exacte de leur parti ; recul d'autant plus efficace qu'il relie la réflexion sur l'action à l'exercice du langage, faisant ainsi de l'évaluation de ce langage la première étape d'une nouvelle action."4 Et l'on sait l'importance qu'aura le langage dans la révolution de Mai 68.
Cette idée, Alain Resnais la développe dans sa réponse à Gilles Jacob, de Sight and sound, précisant :

"Loin du Vietnam is not a film about Vietnam, even though it's hard not to get obsessed with that war. But its aim is to get people thinking; and not just the people who see it, but the people who are making it as well. It's not a matter of preconceived ideas, or of trying to tell audiences how to think; that isn't the sort of conviction we want to produce. But of course the makers don't deny that they have political opinions. The totally objective film is an impossibility : it would take about a month to record a day in the life of the world, and it would be completly meaningless."5

Quoiqu'il en soit, le film est présenté à Montréal et à New York, avant d'être montré au public français à Besançon, puis dans tout l'Hexagone. Le succès ne fut malheureusement pas au rendez-vous, malgré les escarmouches (et donc la publicité) qu'il provoqua à sa sortie, à Paris. Joris Ivens explique effectivement qu'à la suite des incidents survenus pour Loin du Vietnam, son film 17e parallèle "a été refusé par certains exploitants, et c'est pourquoi il sort uniquement dans une salle, grâce à Mme Decaris, qui avait déjà pris Le ciel, la terre  il y a deux ans."6
Cependant, c'est peut-être David WiIlson, dans son article paru dans Sight and sound  à la suite du Festival de Londres, qui décrit le mieux l'essence du film :

"The importance of Far from Vietnam  is that it is not  a propagandist film. For a collective effort it has a remarkable sense of shape, but one is never aware of a conscious shaping. What one is aware of is an examination of "Vietnam" with all the undercurrents of that emotive word, involving us at a far deeper level than straight propaganda. By doing so, it forces us into a dialogue with ourselves."7

Quoiqu'il en soit, Loin du Vietnam, sorti la même année qu'un autre film emblématique À bientôt j'espère... à l'origine des groupes Medvedkine, aura été une aventure inovante, finalement sans véritables lendemains, mais révélatrice d'une époque, celle de Mai 68.

À noter, par ailleurs, qu'Agnès Varda a demandé en 2012-2013 à La Sofram, distributeur du film, de supprimer son nom au générique de Loin du Vietnam, ne considérant pas ce film comme un élément de sa filmographie, ce qui est fait dans la version nouvellement restaurée.

Pour plus d'information sur la genèse et la réception de ce film, voir la page dédiée de Wikipédia France, que nous avons entièrement modifiée le 06/02/2021.

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loin du vietnam affiche 1967 chris marker
loin du vietnam affiche 1967 chris marker
loin du vietnam affiche 1967 chris marker
loin du vietnam affiche 1967 chris marker


"SLON. C'était d'abord une entité insaisissable, comme son créateur. Elle est née de Loin du Viet-nam, qui a été préparé très collectivement par des réunions de toutes sortes de gens impliqués dans l'idée, et qui essayaient de définir ce qu'il fallait faire. À ce moment-là, je crois que SLON n'avait aucune existence tangible, mais c'est tout de suite après, avec À bientôt j'espère..., que ça a pris l'allure d'une coopérative. C'est resté une structure extrêmement souple, d'où ces génériques poétiques qui se fichaient de la "vérité" : ils étaient vrais parce que poétiques, une vérité de l'esprit, pas de la lettre.
LOIN DU VIETNAM. À cette époque j'étais stagiaire, je faisais tout, mais comme tout le monde faisait tout sur ce film, ce qui était d'ailleurs une idée très markérienne. J'ai donc commencé par numéroter la pellicule au porte plume. J'étais plutôt affectée à l'équipe de William Klein, et je n'ai travaillé qu'après avec Chris, qui coordonnait l'ensemble, pour les finitions… On a fait par exemple les sous-titres nous-mêmes : dans la journée, on allait à la campagne chez une des participantes, on écrivait les sous-titres sur nos petits cahiers, et le soir on retournait à la table de montage faire des marques sur la pellicule. On était un peu somnambules, les journées duraient 20 heures. Puis Chris m'a fait enregistrer une partie du commentaire. C'était le grand bain…
Les réalisateurs allaient plus ou moins loin : certains, comme Klein, montaient leur film eux-mêmes (mais toujours en demandant l'avis des autres), d'autres remettaient leur paquet de pellicule, et Chris le montait. Des morceaux se sont perdus en route, d'autres se sont retrouvés mélangés un peu partout… Les collectifs étant toujours légèrement mythiques, le travail se faisait par vagues : il y a avait des vagues interventionnistes, et d'autres où Chris restait seul aux commandes. Je pense que le film n'aurait pas existé sans lui, naturellement. En passant, je trouve que tout le monde a été très injuste avec Lelouch, parce que ce qu'il a fait était très courageux, étant donné qu'il était en plein succès américain pour Un homme et une femme  et qu'il tournait au Viêt-nam un film coproduit par les Américains : il en a profité pour ramener des plans qui nous ont été précieux."
"Témoignage de Valérie Mayoux : monteuse" (recueilli par Olivier Khon et Hubert Niogret), Positif, n° 433 (03/1997), p. 93-94

Générique (début, dans l'ordre d'apparition, complété par Tode/Kamper)
S.L.O.N. présente
Loin du Vietnam
Alain Resnais, William Klein, Joris Ivens, Agnès Varda, Claude Lelouch, Jean-Luc Godard [réalisation], Michèle Ray, Roger Pic, Marceline Loridan [reportages], Jaqueline Meppiel, Ragnar, Jean Ravel [montage], Michel Fano [musique], Andrea Haran [administration], Christian Quinson [banc-titre], Philippe Capdenat [musique], Georges Aperghis [musique], Valérie Mayoux [montage], Maurice Garrel [recitant], Bernard Fresson, Karen Blanguernon [interprètes, épisode Resnais], Anne Bellec, K. S. Karol, Jacques Sternberg [épisode Resnais], Jean Lacouture, François Maspero [écrivains], Pierre Grunstein, Alain Franchet, Didier Beaudet, Jacques Bidou [assistants], Colette Leloup [montage, épisode Resnais], Eric Pluet [montage], Sylvette Baudrot [scripte, épisode Resnais], Marie-Louise Guinet [assistante], Willy Kurant, Ghislain Cloquet, Jean Boffety, Denis Clairval [= Clerval?] [image, épisode Resnais], Bruno Muel, Paul Bourron, Théo Robiché [= Robichet?], Bernard Zitzermann [image], Alain Levent, Charles Bitsch, Emmanuel Mechuel [= Machuel?], Kieu Tham [image], Antoine Bonfanti, Harald Maury, Harrik Maury, René Levert [son], Roger de Monestrol, Anne Roux, Florence Malraux [assitants], Chris Marker [coordination, montage], Jean Larivière [animation], Denis Goldschmidt, Ethel Blum, Michèle Bouder [photographes], et beaucoup d'autres techniciens, assistants et amis ont tourné ce film au cours de l'année 1967 pour affirmer, par l'exercice de leur métier, leur solidarité avec le peuple vietnamien en lutte contre l'agression.
[musique des titres : Hanns Eisler]
[collaboration au montage : Albert Jurgenson]
Colombe d'argent à Leipzig - 1968

Distribution: La Sofra (anciennement SOFRACIMA)

Commentaire / scénario: voir la page dédiée de ce site ICI.

Notes
1 Laurent Véray, 1967. Loin du Vietnam..., Paris : Paris Expérimental, 2004, p. 5-6. Il précise (note 9, p. 5) que Ragnar avait présenté Marker à Bozzi à l'occasion du montage du film de Claude Otzenberger, Demain la Chine (1965). Par ailleurs, il donne quelques exemples des procès verbaux des discussions qui ont eu lieu entre les artisans de Loin du Vietnam  tout au long de la genèse du film, procès verbaux qui sont conservés dans les archives de La Sofracima, devenue depuis La Sofra. L'ouvrage de Veray est un très bon point de départ pour étudier le film.
2 Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, "Loin du Vietnam", Esprit, n° n7a (04/1968), p. 703
3 C'est l'idée commune qui ressort de l'ensemble des critiques d'hier et d'aujourd'hui.
4 Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, 1968, p. 701
5 Gilles Jacob, "Hollywood sur Seine : Far from Vietnam", Sight and sound, vol. 36, n° 4 (1967), p. 166
6 David Wilson, "Far from Vietnam", Sight and sound, vol.  37, n° 1 (1968), p. 10
7 Max Tessier, "Ivens et la guerre du peuple", Cinéma 68, n° 126 (1968), p. 21. Page 19, il précisait déjà "regrettons que seule une petite salle de la rive gauche l'ait accueilli, avec un courage qui l'honore, après les incidents et les réactions (apathiques) qui avaient marqué la sortie de Loin du Vietnam."

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  • (GB) Thomas WAUGH, "Loin du Vietnam  (1967), Joris Ivens and Left Bank documentary", Jump cut : a review of contemporary media, n° 53 (summer 2011), en ligne  web)
  • (GB) Ela BITTENCOURT, "Review : Far from Vietnam", Slant magazine, 24/08/2013, en ligne  (web)
  • (GB) Michael ATKINSON, "An antiwar flame that flickered glows brightly again", New York times, n° n/a (28/08/2013), p. 5 (section C)  (web)
  • (GB) Peter KEAOUGH, "Far from Vietnam stil hits close to home", The Boston globe, n° n/a (24/09/2013), p. n/a  (web$)
  • (GB) Gerald PEARY, "Film review : Far from Vietnam - a remarkable anti-war film", The arts fuse, 25/09/2013, en ligne  (web)
  • (GB) Glenn ERICKSON, "Far from Vietnam : savant DVD review", dvdtalk.com, 10/12/2013, en ligne  (web)
  • (GB) Matthew CROOMBS, "Loin du Vietnam: solidarity, representation and the proximity of the french colonial past", Third text, vol. 28, n° 6 (2014), p. 489-505  web)
  • (GB) Jeremy MECKLER, "Far from Vietnam", joylescreatures.com, 13/01/2014, en ligne  (web)
  • (GB) Christopher SHARRET, "Review : Far from Vietnam  by Chris Marker", Cineaste, vol. 39, n° 2 (spring 2014), p. 52-54  web)
  • (FR) Laurent VÉRAY, "Loin du Vietnam" (livret du DVD), Paris : Arte Éditions, 12/2014-01/2015, 116 p.
  • (GB) Landon PALMER, "Chris Marker and the art of collaboration : Le joli mai  and Far from Vietnam", Nonfics : real stories - real insight, 2018, en ligne  (web)
  • (GB) John TYSON, "New tactics in the Vietnam era : Far from Vietnam  (1967), National Gallery of art, 2018, en ligne  (web)
  • (GB) David FRESKO, "Montage / meditation / publicity : Far from Vietnam", Screen  (Glasgow), vol. 60, n° 1 (spring 2019), p. 70-98  web$)
  • (GB) Jesse CATALDO, "Oeuvre : Varda : Far from Vietnam", spectrumculture.com, 18/07/2019, en ligne  (web)
  • (PT) Frederico FRANCO, "Crítica : Longe do Vietnã", Plano crítico, 06/05/2020, en ligne  (web)

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Classe de lutte

1968 - France - 39'47 - 16 mm - N&B
Classe de lutte, où l'école du militantisme sur le tas, dans le rapport continuel de la lutte des classes. Mais Classe de lutte  c'est aussi, et peut-être avant tout, un film sur la condition de la femme ouvrière en 1968, qui suit, pas à pas, la naissance d'une vocation militante : celle de Suzanne Zedet. Si on avait déjà pu suivre quelques instants de sa vie dans À bientôt j'espère, là, le film lui est entièrement consacré.
Le début de ce court-métrage commence par la découverte de la salle de montage, sur le mur de laquelle est écrit "le cinéma n'est pas une magie, c'est une technique et une science, une technique née d'une science et mise au service d'une volonté : la volonté qu'ont les travailleurs de se libérer", et qui fait pleinement écho à l'idée à l'origine de la création des groupes Medvedkine.
Bruno Muel, co-auteur des images, se souvient et raconte la génèse du film, le rapport complémentaire (bien qu'en totale opposition) au film collectif La reprise aux usines Wonders (1968), sur le témoignage d'un ouvrier.

"À Besançon, où Mario Maret venait de nous rejoindre en ange tutélaire qui commençait à se désintéresser du cinéma, c'est la séquence avec Suzanne qui nous a marqué et c'est la plus forte qui reste de ce tournage, celle qui sera intégrée par Pol Cèbe dans Classe de lutte. Suzanne, la belle Suzanne, alors mariée à un des grévistes de la Rhodia, Claude Zedet (on avait vu le couple dans À bientôt j'espère...), n'avait rien d'une militante aguerrie. Elle travaillait à l'usine de montres Yema. La scène se passe devant les portes de l'usine. Le patron entouré de la maîtrise est de l'autre côté des grilles qu'il fait ouvrir et il presse les grévistes de rentrer. Il y a un moment de flottement et Suzanne, qui avait prévu le coup, saute sur le muret et prend la parole, sa première prise de parole, et ça marche. Les premiers mots de cette première prise de parole, la voix tremblante d'émotion mais bien posée, sont : "Nous avons commencé la grève ensemble, nous la continuerons ensemble, nous la finirons ensemble", et la masse des indécis se tourne vers elle. Quand elle redescend, personne ne rentre. Le patron n'a plus qu'à faire refermer les grilles. Elvire Lerner et moi avons filmé la scène en continuité, deux bobines de 120 mètres. Vingt minutes. C'est le pendant, et l'inverse, de la fameuse scène de la reprise du travail aux usines Wonder qui a servi récemment de support au beau film Reprise. Deux images, aussi juste l'une que l'autre, du Mai 68 de la classe ouvrière : une jeune femme qui se dresse et qui trouve les mots simples pour rassembler, pour ranimer la solidarité, l'espoir. Dans l'autre cas, le silence qui retombe, l'abattement et une autre jeune femme qui cherche les mots pour crier sa déception, sa solitude, son désespoir.
De notre tournage est né Classe de lutte. Pol Cèbe, avec l'aide de la monteuse parisienne Simone Nedjma Scialom, sa principale interlocutrice (il est facile d'imaginer le rôle d'une monteuse, future réalisatrice, face à un dingue de cinéma qui n'a jamais touché de la pellicule) et de Geo Binetruy ou de moi à la caméra, s'est lancé dans un véritable film d'auteur, où se mêlent de façon singulière et passionnante le collectif et l'individuel. En fait, le projet colle parfaitement avec l'utopie des groupes Medvedkine : montrer ce qu'il faut surmonter d'interdits culturels, on pourrait dire usurper de savoir, pour se donner les moyens de lutter à armes égales contre ceux qui pensent que chacun doit rester à sa place. Il n'est sans doute pas faux de dire qu'il s'agit d'un film de fiction. Suzanne est un vrai "personnage", ce qui est rare dans les films militants de l'époque..."1

À noter qu'au générique, parmi les ouvriers inconnus, on retrouve des noms tels qu'Antoine Bonfanti, Jean-Luc Godard, Joris Ivens, Pierre Lhomme ou encore René Vautier, et d'autres moins célèbres, mais tout aussi importants dans la carrière de Chris Marker, à savoir Jacqueline Meppiel, Paul Cèbe ou Mario Marret.

On trouvera les rapports des États généraux du cinéma de mai 1968 sur ces liens :

Ces dans le n° 3 que les États généraux du cinéma propose que "pour réaliser cette rupture idéologique nous nous prononçons pour l'utilisation du film comme arme de lutte politique."

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Générique (début, dans l'ordre d'apparition)
Visa de controle cinématographique n° 36.190
SLON présente un film du groupe Medvedkine de Besançon
Vincent Berchoud, Juliet Berto, Ethel Blum, Antoine Bonfanti, Francis Bonfanti, Michèle Bouder, Paul Bourron, Léo Brouwer, Zouzou Cèbe, Claude Curty, Michel Desrois, Michel Follin, Jean-Luc Godard, Andréa Haran, Joris Ivens, René Levert, Pierre Lhomme, Georges Lièvremont, Jacques Loiseleux, Colette Magny, Chris Marker, Mario Marret, André Marteau, Jean-Marie Marteau, Jean Martin, Yoyo Maurivard, Harald Maury, Jacqueline Meppiel, Michel Pamart, Anne Papillaut, Ragnar, Silvio Rodriguez, Alain Rousselot, Jean-Pierre Thiébaud, Trafo [Henri Traforetti], Michèle Traforetti, Pierre Todeschini, René Vautier, Claude Zedet, Mohamed Zinet
[image :] Géo Binetruy et Bruno Muel
["interprète" :] Suzanne Zedet
[montage :] Simone Nedjima [Scialom] et Pol Cèbe
Classe de lutte
Prix de la fédération syndicale mondiale - Leipzig 1969
Distribution : ISKRA

Commentaire / scénario : non édité


Classe de lutte CH2_2013.pdf


Notes
1 Bruno Muel, "Les riches heures du groupe Medvedkine", Images documentaires, n° 37-38 (2000), p. n/a; réédition : in le livret du coffret DVD Les groupes Medvedkine  paru aux Éditions Montparnasse, 2006, p. 23-24

Bibliographie
Sur les groupes SLON-ISKRA et Medvedkine, voir la bibliographie d'À bientôt j'espère...

  • (FR) Jean-Louis BORY, "À bientôt j'espère... ; Classe de lutte  par le groupe Medvedkine de Besançon", Le nouvel observateur, n° n/a (28/07/1969), p. n/a ; réédition : in Ombre vive, Paris : 10/18, 1973, p. n/a
  • (FR) Henri LEPINE, "XXIIIe festival Au rencontres cinématographiques : Classe de lutte et À bientôt j'espère..., sur les luttes de classes en France", La Marseillaise, n° n/a (01/08/1969), p. n/a
  • (FR) Marcel MARTIN, "Caméra au poing : Á bientôt j'espère... et Classe de lutte", n/a (1969?), p. n/a
  • (FR) anonyme, "En France, Mai 68 et la suite", Positif, n° 113 (02/1970), p. 60
  • (FR) anonyme, "Le groupe Medvekine", Les lettres françaises, n° 1'360 (18/11/1970), p. n/a
  • (FR) Guy HENNEBELLE, "Brève rencontre avec le groupe SLON", Écran, n° 13 (03/1973), p. 36-38
  • (FR) Stéphanie CHESSEL, "Étude des films À bientôt j'espère...  (Chris Marker et Mario Marret, 1967-1968) et Classe de lutte  (Groupe Medvedkine de Besançon, 1969)", diffractions-cinematographiques.com, 2014-2015, en ligne  (web)
  • (IT) Lara BEN-AMEUR, "Classe de lutte  (Groupe Medvedkine de Besançon)", cinemaldito.com, 25/05/2018, en ligne  (web)
  • (FR) Catherine ROUDÉ, "Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 68", Le temps des médias, n° 34 (2020), p. 46-59  (web)

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Rhodia 4x8

1969 - France - 3'22 - 16 mm - N&B
Rhodia 4x8 est un court métrage réalisé par le groupe Medvedkine de Besançon, fondé par Chris Marker et SLON, avec les ouvriers de l'usine Rhodiaceta, à la suite de la projection de À bientôt j'espère..., en 1967.
Il s'agit d'un "clip-vidéo" traitant de la cadence des 4x8 à laquelle sont soumis les ouvriers (voir les paroles ci-dessous), reprenant en partie des images de l'intérieur de l'usine, autrement dit des images volées, étant donné qu'à ce moment-là il était interdit de filmer l'intérieur des locaux industriels.
Dans le numéro 3 de la revue L'image, le monde, paru en automne 2002, Stefani de Loppinot décrit avec clarté la situation à l'origine de cette chanson de Colette Magny.

"Un jour de l'année 62, Colette Magny plaque son poste de secrétaire bilingue à l'OCDE pour refaire sa vie. Comme la Suzanne de Classe de lutte, elle choisit soudain un autre chemin, sans trop savoir où il mène ; l'important, on le sait, est que ce chemin ait un cœur. Après tout, sa mère Fernande n'avait-elle pas, sitôt veuve, décidé, à près de soixante ans, de devenir actrice ? La Magny, à trente-six ans frappés, va donc pousser la chanson sans avoir jamais appris la musique, sans même savoir tenir une guitare. Les destins s'inventent très bien. Passée une première phase de reconnaissance (signature chez CBS, un tube, Melocoton), Colette Magny a trouvé ses propres marques dans la rue, après avoir été témoin d'un affrontement entre partisans de l'Algérie française et soutiens du FLN. Là commence l'éveil politique, tardif mais efficace, avec ses petits airs fredonnés sur fond rouge. Magny chante la Bretagne, les mineurs du Nord, Cuba, les Hibakushas d'Hiroshima (Vietnam 67) et rejoint tout naturellement, appelée par les membres du CCPPO en 68, la grande aventure des Medvedkine."1

Colette Magny n'était pas une inconnue pour Marker, puisqu'elle reprend la bande son du Joli mai  (1962) pour une de ses chansons de Mai 68.

Rhodia 4x8 de Colette Magny

Le bagne, c'est fini
Maintenant, nos ouvriers ont du temps
A 4h, le matin, j'ai pu admirer les étoiles
Je travaille en 4x8
A la Rhodiaceta
Mardi, mercredi, 4h-12h
Jeudi, vendredi, 12h-20h
Samedi, dimanche, lundi, 20h-4h
Repos jusqu'au jeudi matin
Juste le temps d'effacer la fatigue
Pour retourner au travail, plein d'entrain
Merci, Rhône-Poulenc
Trust de la chimie
Premier groupe financier français
C'est grâce à toi
Qu'on peut s'embourgeoiser
Un dimanche sur quatre toute l'année
A la Rhodiaceta
Merci, Rhône-Poulenc
Trust de la chimie



T'as baptisé nos usines
Avec des noms de fusées
Des noms de vins capiteux
Lyon-Vaise comme Gorge-de-loup
Belle-Etoile, Saint-Fons
Péage de Roussillon
Mais derrière les hauts murs de la Rhodiaceta
Dans des locaux fermés
Eclairés aux néons
La lumière la plus proche du soleil
Comme dit le patron
On travaille à feux continus
A plus de 30 degrés
Et 70% d'humidité
On devient tous nerveux
Nos ulcères fleurissent
Nos ulcères s'épanouissent
A la Rhodiaceta
A la Rhodiaceta

Générique (début, dans l'ordre d'apparition)
SLON présente
chantée par Colette Magny
Rhodiaceta (nylon)
réalisation : Groupe Medvedkine de Besançon, Jean-Pierre Thiébaud
[fin, titrage postérieur]
Ce film a été rénové en 1995 grâce au concours financier de la Région de Franche-Comté et de l'association des "Amis du CCPPO", par l'équipe du CCPPO (Centre culturel populaire de Besançon), avec le concours de SLON-ISKRA.
La distribution en Franche-Comté est assurée par CCPPO, 48, rue Anne Frank, 25000 Besançon.
Distribution : ISKRA

Commentaire / scénario : (voir texte ci-dessus)

Notes
1 Texte réédité dans le livre du coffret DVD, Les groupes Medvedkine, paru aux Éditions Montparnasse, 2006, p. 26

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Die Kamera in der Fabrik

1970 - France - 88' - 16 mm - N&B
Ce film, très difficilement visionable, était décrit comme suit par le Filmmuseum de Vienne, en Autriche :

"Eine Kompilation der Filme À bientôt, j'espère (1968) und Classe de lutte (1969) - über das notwendige Scheitern der schönen Utopie vom Film für die Arbeiter. Marker und einige Mitstreiter drehten den Film zur Unterstützung des Streiks der Fabrik Rhodiacéta. Er lässt die Arbeiter zu Wort kommen, zeigt die Auswirkungen des Streiks und Solidarisierungen. Der sparsame Kommentar ordnet sich den Aussagen der Betroffenen unter. Dennoch wird von diesen kritisiert, dass der Blick des Films zu ethnografisch sei und außerhalb der Arbeiterklasse bliebe. Einige Arbeiter gründen daraufhin ein Filmkollektiv. Klaus Wildenhahn : „Trotz einer selbstgefälligen Note von Seiten der Pariser Filmmacher ist die Stoßrichtung des Films allen westdeutschen Dokumentaristen voraus und zeigt die Entwicklung von Chris Marker, der an diesem Punkt seine eigenen Worte denen der Arbeiter von Besançon unterordnet. (T.T.)"

Google traduction viendra, avec beaucoup de fantaisie et de plaisir, à votre aide. Alors, n'hésitez pas !

En fait, d'après les archives de l'ISKRA, il s'agit d'un montage, en deux parties, réalisé à partir de À bientôt j'espère... (1967) et de Classe de lutte (1968, ci-dessus), mais aussi du film collectif Cléon (1968) et de L'ordre..., à savoir probablement L'ordre règne à Simcaville (1968) de Jean-François Lecomte et Catherine Moulin, le tout entrecoupé de plusieurs montages de photos.

Générique (d'après le site du Filmmuseum)
réalisation et scénario: Chris Marker et le groupe Medvedkine de Besançon
image: Pierre Lhomme

Distribution : Arsenal Distrib. (Berlin)

Commentaire / scénario : non édité

Bibliographie :
Sur les groupes SLON-ISKRA et Medvedkine, voir la bibliographie d'À bientôt j'espère...

  • (DE) Klaus WILDENHAHN, "Die Kamera in der Fabrik", in Über Synthetischen und dokumentarischen Film: Zwölf Lesestunden, Francfort : Kommunales Kino Frankfurt, 1975, p. n/a

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Les trois quarts de la vie

1971 - France - 18' - 16 mm - N&B
Les trois quarts de la vie est un film collectif du groupe Medvedkine de Sochaux décrit les conditions d'emploi et de travail chez Peugeot, dans un type docu-fiction non dénué d'humour.
Il faut noter la mention au générique de fin, simple déroulement de noms, de Chris Marker, ce qui n'a jamais été fait jusqu'ici.


Générique (fin, dans l'ordre d'apparition)
Jean-Paul Bousquet, Eliane Cagin, Daniel Cagin, Yves Castagne, Christian Corrouges, Michel Desrois, Christian Driano, Manu Cèbe, Jean-Paul Gandy, Bernard Guenon, Christian Hidray, Jacqueline Jeanney, Pierre Malet, Chris Marker, Marc Martinez, Yves Morio, Bruno Muel, Michel Reulet, Théo Robichet, Ididro Romero, Anna Ruiz, Bernard Sineya, Francis Taillard et le Théâtre des Habitants.
Réalisation Clermoulin 71

Distribution : ISKRA

Commentaire / scénario : non édité

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Puisqu'on vous dit que c'est possible

1973 - France - 43' - 16 mm - Couleur
Après la Rhodiaceta (À bientôt j'espère (1967)) et la Yema (Classe de lutte (1968)), Chris Marker poursuit son travail collectif et militant sur l'une des grèves les plus marquantes de la période, celle de l'usine Lip, située à Besançon, propriété d'un des principaux fabricants de montres français, qui aboutira à la réalisation de Puisqu'on vous dit que c'est possible. En effet, cinq ans après Mai 68, pour éviter la faillite et les licenciements qui l'accompagnent, "les ouvriers de Lip se lancent dans une folle entreprise d'autogestion qui a un retentissement immédiat."1
Si Valérie Mayoux, Antoine Bonfanti et Pol Cèbe sont toujours de l'aventure pour ce nouvel opus de cinéma militant, Godard, Vautier and Co, sont "remplacés" par Yann Le Masson, le coauteur de Kashima paradise (1974) dont le commentaire sera écrit par Marker, et les époux Carole et Paul Roussopoulos, que l'on retrouve la même année dans L'ambassade (1973), un des rares films de fiction de Chris Marker.
La Suissesse Carole Roussopoulos, pionière de la vidéo féministe et enseignante de ce médium à l'Université de Vincennes de 1973 à 1976, réalise sur cette même période plusieurs courts métrages documentaires ayant pour thème la grève de Lip, mais à chaque fois avec un regard ou un angle différent, toujours (ou presque) axée sur la femme. Ces courts métrages sont intitulés simplement Lip I, Lip II, Lip III, Lip IV, Lip V, etc..., s'étalant sur plusieurs années.2
Dans l'épisode Lip I, Roussopoulos reprend l'interview du 28 décembre 1973 réalisée par INF2 (l'émission d'information de la deuxième chaîne de l'ORTF) auprès de Fred Lip, patron du groupe Lip qui a démissioné le 18 avril de la même année. Celui-ci explique son point de vue sur la situation, une vision bien entendu diamétralement opposée à celle des ouvriers, parfait symbole du clivage entre les deux factions.

"Oh! Je pense que tout ça aurait dû être fait dans le dernier semestre 70. J'ai donné ma démission de Lip le 15 décembre 72. On pouvait le faire en 70, comme je l'ai proposé, comme je l'ai dit, comme je l'ai écrit. Puis en 71. Et quand je suis parti en 72, c'est que j'ai compris que rien ne se referait. Et alors, vous avez vu ce qui s'est passé. Je me reproche et on peut me reprocher d'avoir jouer une mauvaise carte. La carte de la confiance totale et absolue vis-à-vis du personnel, en lui demandant, avec des salaires très élevés, des avantages exceptionnels, qui faisaient gronder dans la région, d'apporter tout : le travail, la qualité et l'amour pour la maison, pour faire de cette maison quelque chose d'autre. Peut-être un mauvais financier. Pas un mauvais administrateur, mais un mauvais gestionnaire. Je n'ai pas pensé à ce qu'on doit faire lorsque l'on est un industriel, faire de l'argent d'abord. D'ailleurs, quand on fait de l'argent, malgré que ça ne plaise pas aux syndicats et la population des travailleurs, c'est la meilleure garantie pour pouvoir les payer convenablement et tout le temps. Ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle."

En ce qui concerne Chris Marker, l'idée de tourner un film sur la grève de Lip n'est pas de lui. En fait, sa participation au tournage de Puisqu'on vous dit que c'est possible est le fruit d'un appel à l'aide. La raison même de l'échec du socialisme, bien souvent décrite par Marker ou par les historiens, est la cause première de cet appel. Alors que la grève se poursuit avec ténacité, "la guerre entre les syndicats risque, en effet, de paralyser le travail de Roger Louis, dont la coopérative Scopecolor a amassé une documentation considérable. Pour détourner les coups, il demande à Chris Marker de prendre la responsabilité du montage"3, ce que ce dernier accepte de faire.
Roger Journot, du Centre Culturel Populaire Palente Orchamps (CCPPO) de Besançon, décrit le film comme "le CINE TRACT le plus abouti, puisqu'il fut réalisé pour appeler à la marche sur Besançon (qui malgré la pluie battante fut une grande réussite). Il se termine fin août 73 sur des images de la concentration militante au Larzac (lutte contre l'agrandissement d'un camp militaire). On peut dire que c'est une œuvre collective, montée par Chris Marker en une semaine, avec des dons de plusieurs cinéastes liés (ou pas) aux groupes Medvedkine."4
Cependant, on ne peut s'empêcher de reprendre les mots durs et pourtant si justes de Yann Le Masson. Dans le dossier de presse de Kashima Paradise, il revient sur l'aventure Lip.

"Il faut, c'est d'accord, faire je pense des courts-métrages politiques d'agitation et de propagande marxiste, ou tout simplement ouvriers comme les films Lip, mais aussi faire des films qui approfondissent un certain nombre de problèmes, des films longs, importants, des sommes de travail, ambitieux sur le plan du contenu et de la forme, de vrais grands films qui puissent tenir la dragée haute aux plus prestigieuses productions commerciales, parce que aller au fond des choses, donner de véritable analyses, poser des questions essentielles, cela suppose un travail exigeant, de longue haleine, une véritable activité scientifique, et il n'y a pas de forme mineure possible pour une information majeure. Vois les films de Lip par exemple, ils ont été très importants et ont été diffusés massivement, ils ont joué un rôle très positif de cinéma ouvrier, de classe, non bourgeois. Mais je pense que c'est dommage que personne, pas un réalisateur, pas un groupe, pas une organisation, n'ait voulu ou pu suivre toute l'affaire de Lip, depuis le début jusqu'à maintentant où beaucoup de choses mériteraient encore d'être analysées, comment ces ouvriers et ces ouvrières ont changé au cours de cette lutte, l'extraordinaire conscience de classe qu'ils ont acquis, l'expérience de lutte de classe, leurs réflexions sur le mouvement ouvrier, l'unité syndicale, le réformisme, le révisionisme... était-ce possible de suivre toute cette lutte, sur place, avec l'accord des travailleurs, pour la filmer en profondeur ? La question mérite en tout cas d'être examinée..."5

Notons que le 30 octobre 1998, le Centre de culture et de loisirs, Espace Noir, de Saint-Imier, en Suisse, proposait la projection d'un film de Chris Marker intitulé LIP 73 ou la lutte des travailleurs de LIP.

Par ailleurs, en 2008, trente ans plus tard, Thomas Faverjon sort
Fils de LIP, un film qui dresse le bilan de cette lutte aux usines LIP. Le constat est troublant : son père et sa mère refusent de raconter, la rancoeur au ventre, associée à un sentiment d'échec non digéré. Pourtant cette lutte est montrée comme une victoire, une réussite par les acteurs de l'époque. Alors pourquoi une telle réaction ? Parce qu'en fait, les luttes aux usines LIP c'est en réalité deux conflits. Le premier raconté par les groupes Medvedkine et Marker se conclut par une victoire, mais le second qui a lieu de 1976 à 1980 aboutit à un cuisant échec : le licenciement de la moitié des effectifs, laissant les ouvriers écoeurés et déprimés. Un film à voir donc, pour mieux comprendre!
On peut lire une interview éclairante de Thomas Faverjon accordée à Éva Ségal et parue dans le magazine du CNC, Images de la culture, n° 23, sur le site
Voir et agir.

Enfin, en 2014-2015, l'Institut supérieur des beaux-arts de Besançon a proposé une
exposition intitulée "Puisqu'on vous dit que c'est possible", qui a pour point de départ le film du groupe Medvedkine.

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Générique (fin, dans l'ordre d'apparition)
Puisqu'on vous dit que c'est possible
Roger Louis, Sylvie Jézequel, Etienne Carton de Grammont, Dominique Gentil, Michel Montbrun, Bernard Gonner, Daniel Prévost, Henri Roux, Gérard Zimmermann, Gérard Garrigou, Jean-Claude Dubois, Jacques Dufour, Didier Beaudet, Nicole Givert, Valérie Mayoux, Antoine Bonfanti, Pol Cèbe, Yann Le Masson, Carole et Paul Roussopoulos et d'autres que ce générique (reconstitué en 2003) a peut-être oubliés.
Organisation et montage : Chris Marker
Distribution : ISKRA

Commentaire / scénario : non édité


Puisqu'on vous dit CH2_2013.pdf


Notes
1 Voir le site Films et documentaire.com
2 On lira avec un très grand intérêt l'article de Francois Bovier, "Images de Lip : de la commission popularisation au groupe Vidéo out", paru dans le livret accompagnant le coffret dvd Caméra militante. Luttes de libération des années 1970 (Genève : Editions MétisPresses, 2010, p. 47-95). Il y décrit la situation et les autres films et écrits conçus sur cette grève.
3 Voir www.filmsdocumentaires.com
4 Cité par le site autour du 1er mai.
5 Yann Le Masson, "C'est un nouveau type de cinéma qu'il s'agit d'inventer", dossier de presse de Kashima Paradise, 1975, p. 14

Bibliographie

  • (FR) Daniel URBAIN, "Cinéma LIP", Cinéma, n° 181 (12/1973), p. 17-18
  • (DE) anonyme, Katalog Zentralfilm-Verleih, Hambourg, 1983, p. 201-202

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2084

1984 - France - 9'46 - vidéo / 16 et 35mm - Couleur
À travers 2084, video clip pour une réflexion syndicale et pour le plaisir, court métrage collectif réalisé à l'occasion des 100 ans du syndicalisme en France, Chris Marker et le groupe confédéral audiovisuel CFDT ne choisissent pas tant de retracer l'histoire d'un siècle d'action syndicale que de lui signifier, par trois hypothèses, ce qu'il lui reste à entreprendre. Ils imaginent la fiction d'une émission de télévision intergalactique qui, en 2084, ferait un sujet sur le deuxième centenaire du mouvement syndical.
Cette commande de la CFDT a été diffusée sur Antenne 2, le 29 mars 1984.

Générique (fin, dans l'ordre de d'apparition)
2084
Une réalisation de Chris. Marker et du Groupe Confédéral Audiovisuel CFDT
avec : Sophie Garnier, Bibiane Kirby, Atika Tahiri
image : Robert Millie, Christian Bordes, Pascal Le Moal
assistant : Pierre Camus
directeur de production : Claude Gilaizeau
effets spéciaux : Hayao Yamaneko
ordinateur Sinclair
Avec la voix de François Perier
... un raton laveeur (sic)!

Distribution : ISKRA

Commentaire / scénario : en allemand, dans Revolver, n° 27 (automne 2012), n.p.


2084 CH2_2013.pdf


Bibliographie

  • (FR) Éric HASSAN, "Et-vive-le-vidéo-syndicalisme", Libération, n° 889 (29/03/1984), p. 37
  • (FR) Liù CHAMORIN, "Clermont-Ferrand 1986", Positif, n° 302 (04/1986), p. 61
  • (FR) Limguela RAUMENEON, "2084, Chris Marker (1984)", La saveur des goûts amers, 04/12/2014, en ligne  (web)
  • (FR) Gary DELÉPINE, "Dans la joie et la bonne humeur  de Jeanne Boukraa", formatcourt.com, 27/12/2015, en ligne  (web)

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Puisqu'on vous dit que c'est possible - 2084

(DVD - France)

Puisqu'on vous dit que c'est possible - 2084

(DVD - France)

Puisqu'on vous dit que c'est possible - 2084

(DVD - USA)

Classe de lutte - Rhodia 4x8
3/4 de la vie

(DVD - France)

Classe de lutte - Rhodia 4x8

(DVD - France)

Classe de lutte - Rhodia 4x8

(DVD - Argentine)

Classe de lutte

(DVD - USA)

Loin du Vietnam

(DVD - Brésil)

Loin du Vietnam

(DVD - France)

Loin du Vietnam

(DVD - Japon)

Loin du Vietnam

(DVD - Japon)

Loin du Vietnam

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